De nouveau seul, j'ai pris un bus de nuit de Berlin afin de me rendre à Cracovie, en Pologne. Ceux qui suivent ce blog depuis longtemps (ils sont légion, sans doute) se rappelleront que j'étais déjà passé par la Pologne, ayant séjourné à Varsovie. On m'avait toutefois dit tellement de bien belles choses sur Cracovie, je me suis dit qu'il valait sûrement la peine d'y faire un tour!
J'y ai passé trois jours: un jour dédié à la visite de la ville, un à la visite de la mine de sel de Wielicka, et un à la visite d'Auschwitz. Contrairement à Varsovie, Cracovie a été relativement épargnée pendant la deuxième guerre mondiale. Ancienne capitale, elle avait une vocation culturelle plutôt que politique. On peut donc déambuler dans un centre historique authentique et charmant, où on trouve des restes des anciennes fortifications, ainsi qu'un château. La vile est très jolie, mais elle semble dormir un peu, quand on la compare avec la tumultueuse Varsovie. J'ai aussi pu continuer mon exploration culinaire polonaise, goûtant cette fois-ce des pierogies (les dumplings polonais) aux cerises en repas principal, suivi de "bière chaude" (l'équivalent du vin chaud, mais fait avec de la bière... Pas mal!). J'étais hébergé par un sympathique polonais par Couchsurfing. La mine de sel de Wielicka est un site extraordinaire. C'est un immense complexe minier qui a été exploité pendant des siècles, il y a donc des kilomètres et des kilomètres de passage, dont seulement une infime partie est ouverte au public. Le sel étant une matière relativement facile à sculpter, les mineurs de l'époque (sans formation artistique) ont sculpté à même les parfois de nombreuses statues, ainsi que d'impressionnantes salles aux riches bas reliefs. On y trouve même des chapelles et une salle de bal, avec lustres en sel! A une époque, de riches nobles venaient à la mine pour écouter des concerts, ou même se marier (ce qui est d'ailleurs toujours possible). Je n'ai pas pu prendre de photos de qualité, mais je vous invite à "googler" le site, ça vaut la peine! Ma dernière journée était dédiée à une visite guidée de l'ancien camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz-Birkenau. J'ai beaucoup hésité avant d'entreprendre la visite - d'un côté j'avais un certain malaise à faire du "tourisme" dans ce site où il y a eu tant de souffrance. D'un autre, je craignais ma propre réaction face à ces horreurs. Je ne donnerai pas ici de détails sur la visite, par pudeur, peut être, ou respect. Ou peut être simplement parce que je ne trouverais pas les mots justes. Je dirai toutefois que d'être témoin, même après tant de temps, des événements qui ont eu lieu là bas m'a rempli d'horreur, de tristesse, m'a donné la nausée, et m'a surtout rempli d'un sentiment d'impuissance infini, une envie d'agir, sachant qu'il était beaucoup, beaucoup trop tard. C'est avec cette charge au cœur, et portant aussi une grosse grippe, que je me suis envolé vers Kiev, la capitale de l'Ukraine. Après ces pérégrinations, il était temps de prendre des vacances dans les vacances. Un petit tour de bus et je me suis retrouvé à Podgorica, la capitale du Monténégro, où P. m'a rejoint pour une semaine. Nous avons loué une voiture et avons exploré ensemble la côte monténégrine.
Nous nous sommes d'abord dirigés vers Kotor, une ville reconnue pour sa forteresse médiévale. Le GPS a décidé d'être coquin et plutôt que de nous faire prendre la route la plus simple, il nous a plutôt fait prendre la route dite "scénique". Ce qu'il faut savoir, c'est que tout l'ouest du Monténégro est en gros une série de montagnes escarpées qui tombent dans la mer. Cela crée des paysages époustouflants et des routes disons... impressionnantes. La descente sur Kotor se fait en suivant une corniche étroite qui se déroule en une série de lacets bien serrés. La route est si étroite qu'il est difficile de croiser des voitures dans l'autre sens. Des émotions fortes avant même d'être arrivé! La forteresse de Kotor est elle même déposée sur la pente montagneuse, avec la vieille ville à ses pieds et les fortifications, une série de murs bordés d'escaliers. La montée est difficile, mais le point de vue en vaut la peine! Kotor ne donne pas directement sur la mer, mais plutôt sur des "bouches", une série de baies reliées par des cours d'eau qui rappellent nos fjords. Les bouches de Kotor sont donc une avancée qui était fort bien gardées par un dispositif de forteresses et de passages. Le climat est méditerranéen, on retrouve donc beaucoup d'arbustes et de conifères, qui rappellent un peu la côte d'Azur. Dans un moment de faiblesse, P. a même lâché un "c'est encore plus beau que la côte d'Azur". C'est vous dire! Nous avons donc passé quelques jours à Kotor, à profiter de la vielle ville, de la forteresse, du paysage et des plages dans les bouches, avant de nous diriger vers Budva, qui donne directement sur la mer Adriatique. La ville est reconnue pour être la station balnéaire par excellence du pays, et ses plages sont effectivement magnifiques - quoique plus souvent qu'autrement de gravier. Nous avons aussi exploreé d'autres attractions dans la région, comme l'Ile monastère (maintenant hôtel de luxe privé) Saint-Stefan, la ville portuaire de Bar, et bien d'autres. Simplement parcourir la côte est un plaisir en soit, et il est possible de s'arrêter à de nombreux endroits pour profiter de la mer qui est plutôt chaude dans la région! Après ces quelques jours de vacances, P. et moi avons pris l'avion afin de retrouver des amis pour une fin de semaine à Berlin, puis P. est rentré à Montréal, alors que je continuais mon périple vers la Pologne. --- Le Monténégro faisait lui aussi partie du Royaume de Yougoslavie et de la fédération de Yougoslavie. Avant cela, il a longtemps été un duché indépendant ou sémi indépendant, parfois sous domination vénitienne, parfois plutôt en guerre contre ceux-ci. C'est la seule république yougoslave qui n'a pas souhaité se séparer de la Yougoslavie et de la Serbie en 1991-1992. En fait, le Monténégro a participé aux efforts de guerre en Croatie, aux côtés des serbes, ce que les croates n'ont pas oublié. Ce n'est qu'en 2006 que la Yougoslavie et l'union Serbie-Monténégro ont été dissoutes, et que le pays est donc pleinement indépendant. Toute ces histoires me donnent le goût de connaître la Serbie et leur côté de l'histoire, qui doit être bien différente de comment elle m'a été présentée en Croatie et en Bosnie. Cette visite devra toutefois attendre, car je quitte les balkans pour explorer davantage le Nord-Est de l'Europe. J'ai eu quelques difficultés à quitter Sarajevo - j'ai d'ailleurs décidé d'y passer un jour de plus que prévu. Après discussions avec quelques voyageurs, j'ai compris que ce n'était pas un phénomène qui m'était particulier - il semble qu'il est difficile en général de quitter la ville. Il y a une atmosphère particulière, une histoire si visible, quelque chose dans l'air qui nous retient. Mais the show must go on!
J'ai continué mon voyage vers le Sud, en passant rapidement le Monténégro, que je comptais explorer plus tard, pour me rendre en Albanie. Un Albanais rencontré en cours de route m'avait conseillé d'éviter la capitale, Tirana, pour plutôt explorer Shkodër, une ville d'importance historique beaucoup plus grande. Le passage en Albanie surprend. On a soudain l'impression de quitter l'Europe pour s'aventurer dans un pays qui se développe toujours. Les routes sont en mauvais état, la circulation est chaotique, les maisons délabrées. Bien que faisant partie de l'ouest des Balkans, l'Albanie n'a jamais fait partie de la Yougoslavie. La région n'a jamais été habitée par les slaves, mais plutôt, il y a bien longtemps, par les Ilyriens, dont le puissant royaume faisait jadis compétition à Rome. Sa capitale était située à Shkoder. Suite à une injure professée par Teuta, la reine Ilyriennne, contre l'Empire romain, les deux puissances sont entrées en guerre. A la victoire de Rome, le Royaume Ilyrien est devenu une province romaine et après l'effondrement de Rome et le passage du temps, le territoire est passé aux mains ottomanes, et est resté sous occupation turque pendant des siècles. C'est alors que l'empire Ottoman commençait à s'effondrer, et que les serbes, grecs et macédoniens s'attaquaient au territoire albanais pour l'annexer que finalement, en 1912, l'Albanie a déclaré son indépendance. Après de longues négociations entre les puissances à Londres, les frontières définitives du pays ont été déterminées - les albanais ont dû céder, par rapport à leur ambitions initiales, une grande partie du territoire qu'ils considéraient le leur. Ainsi, le Kosovo passa aux mains de la Serbie, d'autres territoires sont passés aux mains de la Macédoine et de la Grèce. De nos jours, toujours, la majorité de la population au Kosovo est de langue albanaise (nous y reviendrons), même chose pour une bonne partie du territoire macédonien. Suite à son indépendance, l'Albanie sera d'abord une république, puis une monarchie. Après l'occupation Nazi, l'Albanie aura un gouvernement communiste totalitaire, lié ni aux soviétiques ni aux yougoslaves. Le gouvernement totalitaire isolera complètement le pays du reste du monde pendant près de 50 ans - frontières fermées et infranchissables, presque aucune relations diplomatiques. Certains historiens considèrent que le régime communiste Albanais a été le plus dur de tous. A sa sortie du régime, et son retour dans le monde, l'Albanie était exsangue, sous développée par rapport à ses voisins et dépourvue d'institutions en mesure de remettre le pays sur pied. Encore aujourd'hui, à ce que l'on m'a raconté, il est très difficile de faire changer les choses tant la corruption et l'immobilisme tiennent le pays à la gorge. Un proverbe populaire dit même que "ce ne sont pas les albanais qui feront l'Albanie". La visite de Shkoder laisse un peu entrevoir toute cette histoire. Des Ilyriens, il ne reste pas de vestiges ni d'écrits. Le régime ottoman a quant à lui laissé sa trace, on trouve notamment les ruines d'un gigantesque palais surplombant la ville. Shkoder donne son nom au lac qui est son voisin, le plus grand lac des Balkans, aux jolis paysages. Sinon, le gros des touristes que j'ai rencontré en ville faisaient des treks dans là régions et utilisaient la ville comme étape. Je ne suis pas resté longtemps en Albanie, car j'avais bien hâte de retrouver P., qui volait de Montréal pour me retrouver au Monténégro! Le voyage en bus de Dubrovnik à Sarajevo nous fait sortir de la Croatie et entrer en Bosnie Herzégovine, puis sortir de la Bosnie pour entrer de nouveau en Croatie, et enfin entrer en Bosnie de nouveau. En effet, la Bosnie à un moment coupe la Croatie en deux afin d'atteindre la mer.
Quand on pense à la Bosnie, il est difficile de penser à autre chose que destruction, guerre et mort. Pourtant la guerre de Bosnie s'est terminée il y a plus de vingt ans déjà. Bien que la ville et ses habitants portent encore de lourdes cicatrices, un important travail de restauration a eu lieu, et il est maintenant possible de faire la visite en toute sécurité. Comme partout dans la région, le territoire a longtemps été occupé par l'Empire Ottoman et par l'Empire Austro-Hongrois, et les deux empires ont laissé leur marque. Les traces ottomanes sont les plus surprenantes - au cœur de la ville on trouve un marché que l'on pourrait presque appeler souk de par l'ambiance qui y règne. Un peu plus loin on retrouve aussi le site de l'ancien palais ottoman. Sarajevo signifie d'ailleurs en turc "palais (sérail) entouré de collines". De nombreuses mosquées ornent le paysage - ce qui ne devrait pas surprendre, car la majorité de la population est musulmane, un groupe qui est appelé "bosniaque" (à ne pas confondre avec bosnien, qui est la nationalité des gens de la Bosnie Herzégovine, quelle que soit leur confession). Les austro-hongrois, pour leur part ont, même s'ils ne sont pas restés longtemps au pays, laissé des infrastructures de qualité qui sont toujours en usage aujourd'hui. Pour les visiteurs, il y a donc cette histoire à découvrir. C'est toutefois, il faut l'admettre, l'histoire récente qui fascine davantage le visiteur. On visite le site de l'assassinat du Duc Franz Ferdinand, et, plus important encore, on ressent toujours l'impact de la guerre de Bosnie. J'ai pu en apprendre davantage par la visite guidée de la ville, et en rencontrant des locaux. -- Peu de temps après la déclaration d'indépendance de la Slovénie et de la Croatie, ce fut au tour à la Bosnie Herzégovine de faire un référendum pour sortir de la Yougoslavie. Cette fois-ci encore, le référendum a été boycotté par la minorité serbe du pays. La situation était compliquée davantage par la présence de trois groupes différent dans le pays - les serbes (orthodoxes), les croates (catholiques) et les bosniaques (musulmans). Quand le oui l'emporte et que la Bosnie Herzégovine déclare son indépendance, une partie de la population serbe se rebelle, comme en Croatie. Des groupes armés serbes bosniens proclament la création d'une république serbe en Bosnie et, soutenus par les forces yougoslaves, s'en prennent aux reste du territoire bosnien. La ville de Sarajevo est assiégées pendant 44 mois, bombardée quotidiennement, au hasard, pour saper le moral des assiégés. Pendant que la capitale et d'autre villes sont assiégées, les serbes bosniens procèdent à un "nettoyage ethnique" de leur territoire. Les non serbes sont déportés, et, dans les villes où il y a résistance, éliminés. À Srebrenica, en 1995, environ 8000 bosniaques ont été tués, dans ce qui est maintenant qualifié de génocide. Après 44 mois, suite à une intervention européenne, la guerre se termine, avec un bilan de 100 000 à 200 000 morts. Le pays est divisé en deux régions autonomes, sous un gouvernement fédéral géré par trois présidents, un issu de chaque groupe. La fonction publique à des quotas à remplir afin d'embaucher des bosniaques, des serbes et des croates. Bien que les trois groupes parlent la même langue, à quelques différences près, tout l'affichage doit être en trois langues. Peu de gens ont été jugé pour les crimes perpétrés, les blessures sont béantes, à vif. Qui sait ce que nous réserve la suite? Je suis parti de Zagreb en bus de nuit, afin d'arriver à Dubrovnik, au sud ouest de la Croatie, sur la côte, le lendemain matin.
La côte Croate a la réputation d'être une destination touristique de rêve: chaleur, paysages magnifiques, plages sublimes, et excursions culturelles y abondent, à des prix relativement bas (qui croissent de jour en jour). Ces paysages épiques ont inspiré de nombreux écrivains, et les plages, côtes, falaises et cité médiévales ont servi de décor pour les tournages de nombreuses productions télévisuelles. Dubrovnik, par exemple, est reconnue non seulement pour sa ville médiévale impressionnantes et ses plages fabuleuses, mais aussi pour être le lieu de tournage de nombreuses scènes mythiques de la série Game of Thrones. J'ai d'ailleurs pu participé à une visite guidée à thématique "Game of Thrones", où on nous présentait quelques uns des décors. Pour les amateurs de la série: Dubrovnik et ses forts sont utilisés pour représenter King's Landing (avec de nombreux ajouts par ordinateur). On eut voir par exemple l'endroit où la "Walk of Shake" a eu lieu. Des touristes étaient même volontaires pour refaire la scène, je vous laisse imaginer. Des touristes, il y en a beaucoup. Le simple tournage de la série a contribué à accroître encore davantage la masse de touriste qui se presse dans les rues dubrovnikoises, ce qui, il faut l'admettre, gâche un peu le charme. Remarque quelque peu hypocrite quand on est soi même touriste... La ville est aussi intéressante pour son histoire, peu connue. Pendant des siècles, la ville était une république, qui faisait compétition au Vénitien comme pont commercial entre l'Est et l'Ouest, de par sa situation stratégique sur l'Adriatique, est ses relations diplomatiques positives avec l'Empire Ottoman. La sphère d'influence de Dubrovnik était très importante: on retrouve même de ses anciens comptoirs de commerce en Inde, incluant des églises dédiées à Saint Blaise, le protecteur de la ville. Par ses alliances stratégiques, la relativement petite ville a réussi à avoir une grande influence sur la région, et aussi à rester une république indépendante malgré les grandes puissances expansionnistes qui lui servaient de voisin. C'est seulement après la conquête par Napoléon que la république a été dissoute, et intégrée au territoire de la Croatie. L'histoire plus récente de la ville, de son côté a notamment été marquée par le fameux siège lors de la guerre de Croatie, conséquence directe de la déclaration d'indépendance de la Croatie de la Yougoslavie en 1991. -- Comme je vous le disais Dans la série "je ne sais pas trop à quoi m'attendre", Zagreb était très haute dans la liste, juste après Ljubljana. On connaît surtout la Croatie pour ses côtés magnifiques, et on parle très peu de Zagreb.
La ville est pourtant très sympathique, et surtout très peu chère! On y trouve partout des terrasses ombragées où l'on peut déguster pour presque rien une bière ou un vin local. Il y avait initialement deux petites villes fortifiées sur deux collines avoisinantes, l'une séculaire et appartenant à la noblesse, l'autre appartenant à un congrégation religieuse. Les deux villes étaient perpétuellement en conflit, une lutte de pouvoir entre la noblesse et la religion, pour quelques arpents de terre et une rivière qui coulait entre les deux communautés. Ces conflits ont donné lieu à de nombreuses batailles, qui ont fait tant de morts que le pont liant les deux rives de la rivière a été nommé le Pont de Sang. Une rue de Zagreb porte toujours ce nom. Il a fallu un puissant général, Josip Jelačić, qui tenait la région sous sa main, pour que les deux villes soient fusionnées et deviennent Zagreb. J'ai aussi eu la chance de passer une soirée avec quelques habitants de la ville. Mon hôte Airbnb m'a gentiment invité à partager la soirée avec lui et quelques uns de ses amis. Quelle chance! Il est difficile de parler de la région sans faire référence à son histoire récente. Les plaies de guerre sont encore fraîches, et teintent encore les relations entre les groupes ethniques de la région - ne pas y faire référence serait mal rendre l'expérience que l'on y vit. J'ai évité le sujet dans le billet sur la Slovénie, mais plus j'explore l'ex Yougoslavie, plus le sujet devient évident. J'ai quelques craintes à aborder le sujet, qui prend ses racines dans une histoire complexe, j'hésite de peur de trop simplifier, de mal raconter... Je vous propose donc d'y aller morceau par morceau, au fil des billets, et je vous invite à me corriger si vous voyez des inexactitudes! L'histoire remonte à loin, à très très loin. Avant même le Moyen Âge, un peuple arrivé du Nord Est, les Slaves, s'installe progressivement en Europe de l'Est et en Europe du Sud Est. A l'époque du Moyen Âge, de nombreux royaumes slaves sont établis dans la région du Sud-Est, notamment le royaume de Serbie et de Croatie. Petit à petit, ces royaumes sont conquis, reconquis, morcelés, fusionnés par différents empires (les empires Ottoman, Italiens, Français, Austro-Hongrois, etc.). A la fin du 19e siècle, de plus en plus des slaves du sud ont en tête l'idée d'unir les slaves du sud dans un même pays. L'idée germe, et c'est dans ce but qu'en 1914, un groupe de terroristes bosniens assassine le Duc Franz Ferdinand à Sarajevo, l'élément déclencheur (ou la goutte d'eau qui fait déborder le vase) de la première guerre mondiale. Après la première guerre mondiale, on fait table rase des empires et royaumes, on redessine les cartes, et on donne aux slaves du Sud l'opportunité de s'unir, en créant le Royaume de Yougoslavie (sud se dit "jug", qui se prononce "youg", en serbe). Ce royaume réunit six nations, soit la Slovénie, la Croatie, le Monténégro, la Bosnie Herzégovine et la Serbie. La capitale est établie à Belgrade, où siège le roi. Après quelques décennies relativement calmes survient la deuxième guerre mondiale. La plupart des nations yougoslaves sont occupées par l'Allemagne Nazie, mais réussissent à se soulever et se libérer par elles mêmes, avec en tête des libérateurs un certain Général Tito. A la fin de la guerre, le Général Tito profite du fait que le roi yougoslave a été exilé pendant la guerre pour prendre le pouvoir avec le parti communiste et fonde la République fédérative populaire de Yougoslavie (qui changera quelque peu de nom à travers le temps). Donc un état communiste, mais indépendant de l'URSS, puisque les yougoslaves n'ont pas eu besoin de l'aide russe pour sortir du joug nazi. La Yougoslavie sous Tito était certainement plus libérale que l'URSS, et de nombreuses personnes âgées se rappellent encore de cette époque comme d'un "âge d'or", mais il ne faut pas se tromper - Tito était un dictateur qui gouvernait par un parti unique, et il n'hésitait pas à faire disparaître ses opposants. En 1980, Tito meure, et sous le régime qui suit, la situation économique du pays commence à faiblir. Dans les années 80, le communisme en général commence doucement à s'effondrer, et au début des années 90, certaines nations yougoslaves en ont assez. En 1991, suite à un référendum, la Slovénie et la Croatie déclarent leur indépendance. Et c'est là que les problèmes commencent... Prochain arrêt: Dubrovnik, sur la côte Croate, et l'un des importants sites de tournage de Game of Thrones. Et aussi le théâtre de la guerre entre les Serbes et les Croates... J'ai quitté Venise (après quelques complications administratives) en bus pour me rendre à Ljubljana, la capitale slovène. Il faut l'admettre, je n'avais pas beaucoup d'attentes - le pays est petit et peu peuplé, et la capitale est relativement circonscrite (environ 300 000 habitants).
Au final, la ville est tout à fait charmante. Le centre, qui a été complètement reconstruit pendant la Renaissance après un tremblement de terre, a récemment été complètement piétonisé, ce qui a d'ailleurs causé une explosion de l'utilisation du vélo. La population est d'origine slave, ce qui s'entend très bien dans la langue, dont la population est d'ailleurs très fière. En effet, pendant de longues périodes de temps, le territoire slovène a été divisé, l'Italie, la Hongrie et l'Autriche clamant différentes parties du territoire. Malgré le fait que ces empires imposaient leur propre langue, les slovènes ont continué à utiliser leur langue à la maison, ce qui a contribué à faire perdurer la "slovènitude". La guide du "free guided tour" l'a exprimé clairement - l'identité slovène, c'est la langue. D'ailleurs plutôt qu'une statut de militaire, c'est celle d'un poète que l'on retrouve sur la place principale. Toujours selon la guide, la Slovénie est le pays où l'on retrouve le plus d'écrivains par habitants. La ville est très verte, on y trouve des arbres partout, et la banlieue est déjà presque rurale. La rivière qui la traverse, et sépare la vieille ville du reste, est un endroit de repos fort sympathique. Au centre de la vieille ville on trouve une petite montagne sur laquelle trône un château où la royauté n'a jamais mis les pieds. Je ne sais pas si c'est par hasard, il y avait tout plein de festivals les deux jours où j'y ai été. J'ai notamment pu assister à un concert d'un groupe métal émule de Tool, qui a bien rempli ma soirée. Impossible de passer à Ljubljana sans faire le détour par Bled, une petite ville pas trop loin où il y a un lac magnifique au centre duquel se trouve une île et une église. Avec les montagnes tout autour, on se croirait presque en Suisse! Malheureusement, les limites de la caméra et du photographe sont visibles dans les photos que j'en ai prise. En route pour la Croatie maintenant! Je suis arrivé à Venise en train en provenance de Rimini, en fin de journée. Dès la sortie de la gare principale, Santa Lucia, j'ai réalisé que j'étais dans un autre monde. Fini les voitures et les bus, place aux piétons et aux vaporettos!
Venise surprend simplement par son fonctionnement, qui est fondamentalement différent du fonctionnement des autres villes. Elle est constituée de nombreuses îles reliées entre elles par deux réseaux, soit une série de ruelles piétonnes qui connectent les îles via de charmants ponts, et une série de canaux qui comblent l'espace entre les îles et s'aventurent en elles. Il faut savoir naviguer entre ces deux réseaux pour être efficace dans ses déplacements, sinon il faut s'attendre à faire une multitudes de détours pour se rendre à destination. A cette description logistique, il faut aussi ajouter la dimension "atmosphérique". Ce dédale de ruelles entrecoupé de canaux a une atmosphère mystérieuse, surtout le soir. Bien que la ville soit pleine de touristes, on réussit toujours à se trouver à un moment ou à un autre seul dans ce labyrinthe sombre et parfois un peu inquiétant. Facile de s'imaginer que la ville est le siège de conspirations et regorge de secrets. D'ailleurs à l'époque, le Doge, leader de la République vénitienne, vivant dans un magnifique bâtiment mi-palais, mi-prison, mi-service des renseignements. Des coursiers passaient par les nombreux passages secret du bâtiment pour glisser des notes secrètes à travers des fentes dissimulées. Sans compter, bien sûr, que c'était à l'époque carnaval durant presque toute l'année, si bien que les masques étaient de mise! Je me suis donc perdu dans les rues de Venise, et j'ai aussi visité le palais des Doges. J'ai aussi profité de mon séjour pour visiter trois petites îles de la lagune de Venise, où on trouve des souffleurs de verre, un village de pêcheurs multicolore, et une antique cathédrale médiévale. Mais le souvenir que je garderai de Venise au dessus de tout le reste est le mystère qu'elle évoque. Petite pause du blog dans les derniers jours, qui ont été ma foi bien chargés!
Après mon passage à Florence, je me suis rendu en train à Rimini, avec deux objectifs - passer voir ma pote Ve qui y travaille comme barmaid, et utiliser la ville comme base d'opération pour aller explorer le petit pays qui s'appelle Saint-Marin (San Marino). J'avais par hasard rencontré sur Couchsurfing un italien qui souhaitait lui aussi découvrir le coin, et nous avons décidé de faire ce segment du voyage ensemble pour couper les coûts. Connaissez-vous Couchsurfing? C'est une plateforme, un peu similaire à AirBnB, où l'on peut mettre un sofa, un lit d'appoint, une chambre d'ami à disposition pour des voyageurs qui en font la demande, et ce gratuitement. Cette plateforme a évolué avec le temps et met aussi maintenant en relation des voyageurs pour se retrouver sur la route, ou simplement aller prendre une bière. Chaque voyageur a un profil, qui contient en plus des informations de base les commentaires des gens qu'il a rencontré, qu'il a hébergé, qui l'ont hébergé. Jusqu'à présent, je n'ai pas encore réussi à me trouver un hôte pour les villes que j'ai explorées, mais j'espère bien en trouver pour les prochaines! Rimini est une petite ville sur la côte de l'Adriatique, qui a la réputation d'être l'Ibiza de l'Italie du Nord. En effet, pendant les vacances, des centaines voire des milliers de jeunes s'y rendent pour profiter de ses plages et boire. La ville elle-même est mignonne, et le centre est charmant, avec sa forteresse et ses anciens bâtiments. Les plages sont magnifiques, et j'en ai bien profité! Ce fut aussi un plaisir de retrouver Ve, même si nous n'avons pas pu nous voir longuement: elle devait travailler, et de notre côté nous avions beaucoup à explorer. A trente minutes de voiture de Rimini se trouve Saint-Marin, la capitale du pays du même nom. Celui-ci est en fait un regroupement de 9 communautés, sur et autour d'un mont, le Titano. D'une superficie d'un peu plus de 60 km carrés, le pays est complètement enclavé dans l'Italie, et après Monaco et le Vatican, est le troisième plus petit d'Europe. Avec la voiture de mon ami Couchsurfing, nous avons brièvement exploré la capitale (environ 4000 habitants) puis sommes montés au sommet du Titano, où se trouve la ville médiévale et les fameux trois châteaux. Mignonne, la ville médiévale est surtout maintenant constituée de boutiques de "gogosses", ainsi que de parfums, cigarettes et objets de luxe. Pourquoi? Parce que les taxes sont beaucoup plus basses à Saint-Marin qu'en Italie - c'est un peu un pays "duty free". On fait vite le tour, mais on voit tout de mêmes quelques beaux panoramas du haut du mont. Prochaine destination: Venise! |
V.Nouvelles de V. un peu partout Archives
October 2017
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